Pop Art 2.0

L'exode syrien est un des drames humains des dernières années qui nous a tous bouleversée. Ces familles entières qui fuient la guerre, remontent les routes de l'Europe ou tentent d'en gagner les côtes au péril de leur vie.

Deux ou trois images sont devenues emblématiques de cette tragédie...

En surfant sur le net, j'ai été marqué par la récurence de photos d'hommes (pères & sauveteurs), mais aussi comment bien des images réanimaient des mythes universels, bibliques ou chrétiens (Moïse, l'Exode, Saint Christophe...) voire des thématiques de tableaux (Le radeau de la Méduse).

En composant les tableaux, j'ai mis en toile de fond, la tragédie humaine, bien sûr, mais en premier plan, j'ai rappellé la valeur universelle de ces aventures humaines, et l'espoir qui anime ceux qui ont échappé à la traversée. Alors que l'Europe connait un retour des réflexes nationalistes et que la construction européenne est à la peine, cet évènement rappelle aussi que pour le reste du monde, l'Europe est vu comme un espace de paix, de liberté et de vie décente.

Arrivé au Maroc en 1997, soit 2 ans avant l'accession de Mohamed VI au trône, j'ai été le témoin de la décrispation qui a marqué les dernières années d'Hassan II (qu'on a qualifié de "printemps marocain") mais aussi de l'espoir qu'a suscité l'avènement d'un si jeune roi. 

Ce qui apparait pour moi comme le plus visible de ce changement d'époque, c'est la transformation de la jeunesse. En 20 ans nous sommes passés d'une jeunesse plutôt soumise, qui s'habillait triste, à une nouvelle génération qui est devenu synchrone avec le reste du monde en partageant les nouveaux codes vestimentaires et capillaires, et en s'autorisant une vraie mixité dans la rue.

Bien sûr, Mohamed VI n'est pas l'artisan de cette mutation ; internet et les smartphones ont plus sûrement contribué à cette émancipation mais,  en arrivant au pouvoir alors qu'il n'avait que 37 ans, en permettant une détente politique, en favorisant la vie économique et donnant ainsi de l'espoir à la jeunesse, il a certainement contribué à rendre l'espace plus libre.

En 1997, ce règne arrive à sa 18ème année ; c'est le temps d'une génération. Ceux qui arrivent à leur majorité aujourd'hui n'ont connu que la roi actuel ; c'est la Génération M6 !

Comme icône, j'ai retenu une photo de celui qui n'était alors que le Prince héritier et qui a été prise quelques mois avant son intronisation. Elle a révélé la simplicité et la jeunesse du nouveau souverain ; elle s'est vendue comme une traînée de poudre sur les trottoirs du Maroc avant même que n'apparaissent les premiers portraits officiels...

La politique, c'est souvent une question d'images, de symboles ; rappelez vous, Henri IV et sa poule au pot : quel buzz !!! La plupart des chefs d'état accèdent au pouvoir, âgés, aussi, quand ils font exception, l'image qu'ils renvoient de leur pays s'en trouvent bouleversée. Je ne devais pas avoir 10 ans quand j'ai compris qui était Kennedy, mais mon rêve américain a d'abord pris les traits de ce visage là. Il y a d'autres hommes politiques que j'ai aimé juste parce qu'ils renvoyaient une image de jeunesse, voire un peu glamour... et je l'assume : Jean-Jacques Servan-Shreider, le très jeune Mohamed VI (il avait 35 ans quand il a accédé au trône) voire aussi dans ses looks improbables quand il fait les boutiques à Paris...Et bien sûr, le Maître : Obama, le coktail réussi d'intelligence, d'élégance et de

décontraction.

Incontestablement, Macron s'efforce de puiser dans le même régistre. Comme Obama, il maitrise les codes de communication et a réussit une campagne improbable en s'appuyant sur les réseaux sociaux. Depuis, on l'a vu en quelques rencontres internationales, polariser toute l'attention des médias étrangers.

Le Pop Art s'est attelé à transcender la société de consommation comme matière artistique. Justement, le tous les sports, le foot génère le business le plus fou. Mais, au-delà du sport et de son exploitation mercantile, le foot révèle une vraie culture populaire où les gestes sportifs et la vie privée des joueurs sont disséqués, font souvent le buzz et inspirent des "mèmes" ou de nouvaux codes capillaires.

Nous connaissons tous la "Main de Dieu de Maradonna", le "Coup de boule de Zidane", les "Dabs de Pogba"... Deux ans après la sortie du film La haine, qui mettait en lumière le "malaise des banlieues", la France gagnait le Coupe du monde avec une équipe Black Blanc Beur. Beaucoup plus léger : qu'ilest agréable d'assister au match de séduction entre Bekham et Christiano Ronaldo...